Frédéric Gogien : “J’ai un peu le sentiment paradoxal d’avoir reçu plus que je n’ai donné.”

Expert Assainissement à la Direction des opérations de la région Centre-Est de Veolia, Frédéric Gogien a passé trois semaines au Mozambique après le passage du cyclone Idai. Son intervention, en deuxième rotation, a permis de passer la main aux Mozambicains pour exploiter les Aquaforces, unités mobiles de traitement de l’eau de la Fondation Veolia. Retour d’expérience.

Vous êtes parti en binôme en deuxième rotation, donc pour succéder à un autre duo de volontaires Veoliaforce. En quoi a consisté votre mission ?
Frédéric Gogien :
Les Aquaforces avaient été déployées avant notre arrivée. Quand on prend le relais quelques semaines après les événements comme nous l’avons fait avec Marie Gaveriaux, l’objectif est de sécuriser et d’optimiser la production d’eau, puis d’en transférer le contrôle à des équipes locales.

Comment s’est déroulée cette phase de formation ?
FG :
Nous avons travaillé avec quatre Mozambicains qui ont vite gagné en autonomie sur le fonctionnement quotidien des machines. L’enjeu était de s’adapter en permanence au contexte.

Vous y avez gagné le surnom d’ “Inspecteur Gagdet”...
FG :
Les jeunes que nous formions m’appelaient comme ça en effet ! Je pars du principe qu’il faut faire avec ce qu’on a dans les caisses pour que ça fonctionne au mieux. Cela conduit parfois à être inventif… Au-delà de l’anecdote, il faut faire preuve d’une grande capacité d’adaptation pendant ce type de mission. Solidarités International, l’ONG avec laquelle nous avons travaillé, ne savait pas elle-même combien de temps elle allait pouvoir rester. Or il fallait trouver un cadre et une organisation pour sécuriser l’exploitation des Aquaforces et donc l’accès à l’eau pour des centaines de personnes : qui pourrait acheter les consommables, qui rémunérerait les agents affectés aux stations, qui planifierait la présence de tel ou tel... On serait partis et la production se serait arrêtée, je l’aurais vécu comme un échec. In fine, ça s’est miraculeusement bien passé. Deux ONG ont succédé à Solidarités International. On est parti proprement, dans de bonnes conditions, en faisant les transferts comme il fallait. J’ai poursuivi les échanges avec les équipes sur place jusqu’à récemment et ça tourne encore.

Comment retrouve-t-on le rythme quotidien au retour ?
FG :
Il y a à la fois un sentiment gratifiant, lié au fait que je travaille pour un groupe qui me permet de m’engager dans ce type de mission sur mon temps de travail, et une réadaptation nécessaire à une activité très différente de ce qu'on a vécu pendant trois semaines. Dans mes fonctions chez Veolia en région Centre-Est, je produis beaucoup de documents : analyses, rapports, etc. A Beira, je produisais de l’eau !

Quel bilan tirez-vous de cette expérience ?
FG :
J'ai beaucoup appris techniquement et rencontré des gens très attachants. Finalement, j’ai un peu le sentiment paradoxal d’avoir reçu plus que je n’ai donné.

Propos recueillis par la Fondation Veolia.