« Plus de la moitié de la mission se joue en amont. »

Du 15 au 26 juillet 2025, Emmanuel Corbel (Seureca) et Guy de Sainte-Claire (Veolia Eau) ont audité des infrastructures d'eau potable dans le camp de réfugiés de Dzaleka au Malawi (HCR). Une mission qui a cependant débuté bien avant leur départ.
Le camp Dzaleka, gestion UNHCR, 60 000 réfugiés principalement de RDC puis Rwanda, Burundi, Zambie...

Du 15 au 26 juillet 2025, Emmanuel Corbel (Seureca) et Guy de Sainte-Claire (Veolia Eau) ont mené une mission d'audit des infrastructures d'eau potable dans le camp de réfugiés de Dzaleka au Malawi, dans le cadre du partenariat entre la fondation Veolia et le HCR. Une mission qui a cependant débuté bien avant leur départ.

Au cœur du Malawi, le camp de Dzaleka accueille près de 60 000 réfugiés congolais, burundais, rwandais et éthiopiens. "C'est devenu une quasi ville, avec des flux de départs et d'arrivées, des enfants qui y sont nés et qui y ont grandi”, témoigne Emmanuel Corbel, volontaire Veoliaforce missionné sur place au début de l’été.

Quand le HCR, Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations-Unis, sollicite la fondation Veolia fin 2024, il est question d’optimisation des réseaux d’eau construits sur le camp. Emmanuel Corbel profite alors d’un déplacement dans le pays, sur un autre dossier, pour aller voir les infrastructures. “Tout semblait pointer un sujet de disponibilité de l’eau dans le camp, et donc plutôt de production”, se souvient-il.

Un binôme pour documenter la mission en amont

Sur la base des premières données remontées, la fondation Veolia sollicite, toujours en mécénat de compétences, Guy de Sainte-Claire1. Volontaire Veoliaforce aguerri, cet expert réseaux s’engage dans un patient et minutieux travail d’enquête et d’analyse. « J'ai appliqué ma méthode de travail habituelle, explique-t-il, en passant en revue toute la documentation disponible sur le camp pour expliquer le problème de débit rencontré. Sur la base des données accessibles et du rapport d’étonnement produit par Emmanuel après sa visite, j’ai émis un certain nombre d’hypothèses. »

En lien avec la fondation Veolia, les deux volontaires interrogent les opérateurs du HCR, retrouvent le nom d’un ingénieur engagé dans la construction des infrastructures. Les réponses fusent, de nouvelles hypothèses émergent. Guy de Sainte Claire s’entoure progressivement d’un réseau d’experts autour du dossier. « Sur les sujets où je n’étais pas compétent, j’ai eu la chance de pouvoir me faire aider de collègues, toujours très disponibles quand il s’agit de la Fondation. L’expert hydraulique, l’expert forages de ma région, le cartographe de l’équipe… C’est une vraie force de pouvoir actionner une telle chaîne d’expertise. »

Deux semaines à sillonner le camp

A la fin du printemps, la mission prend forme, avec un plan de charge précisément établi en amont par les deux volontaires. « On avait 15 jours sur place pour mesurer les débits de production, le temps de remplissage des réservoirs, identifier et analyser les problèmes des pompages, etc. », détaille Emmanuel Corbel.

L’objectif est de valider ou d’infirmer les hypothèses, parfois d’en émettre de nouvelles, avec l’exigence de trouver des réponses. « On a continué à s’appuyer, à distance, sur nos collègues. Vous n’imaginez pas combien c’est précieux, quand vous êtes un peu perdu, de recevoir le mail d’un collègue qui vient confirmer votre intuition et valider un montage technique », témoigne Guy de Sainte Claire.

Les journées sont denses : les deux volontaires cartographient les infrastructures (SIG) et établissent le modèle hydraulique du camp. « Deux outils indispensables à la fois pour notre mission et pour le futur », prolonge Guy de Sainte Claire.

Avant le départ, les deux ingénieurs proposent un debrief à leurs interlocuteurs en charge de l’eau sur le camp. « Notre objectif était de fournir un guide pratique des actions à prioriser, avec le degré de criticité, l'impact attendu et le budget associé », explique Emmanuel Corbel. « Ça va d'un forage solaire à sécuriser par le réseau électrique jusqu'à la pose d'une canalisation avec un diamètre adapté en passant par l'installation de ventouses au point haut. » 

De retour du Malawi, le constat est clair : « Plus de la moitié de la mission se joue en amont », estiment les deux volontaires. « On n’a pas toujours la possibilité de pouvoir collecter autant de données avant de se déplacer, mais quand c’est le cas, l’expertise délivrée au partenaire est démultipliée », conclut Damien Machuel, responsable des opérations à la fondation Veolia.

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1 Guy de Sainte Claire a été mobilisé sur un projet de reconstruction d’un réseau d’eau à Haïti après le tremblement de terre de 2010.

Le camp de Dzaleka, Malawi

Un partenariat HCR / Fondation Veolia

La mission s’inscrit dans le cadre du partenariat qui lie le HCR et la fondation Veolia. En tant que Stand-By Partner de l’agence onusienne, la Fondation s’est engagée à l’accompagner sur la question de l’accès à l’eau. Elle est, par exemple, intervenue à ses côtés au Tchad, à proximité de Farchana, où une douzaine de camps héberge plusieurs centaines de milliers de personnes.

Mission Veoliaforce Malawi, UNHCR, un des systèmes de distribution