La Grande Muraille Verte : un reboisement durable scruté par la communauté scientifique

Une bande de végétation de 7 600 km sur 15 km de large, à travers 11 pays d’Afrique subsaharienne… L’ambition de la Grande Muraille Verte dépasse les frontières de l’imagination. En créant une zone arborée au cœur du Sahel, l’enjeu est de faire émerger des plantations viables sous le regard de chercheurs qui étudient les premiers résultats du programme.

Environnement et Biodiversité

Lieu
Sahel africain

Parrain
Thierry Vandevelde

Dotations
60 000 € au Conseil d'administration du 09/06/2011
50 000 € au Conseil d'administration du 10/06/2013
30 000 € au Comité de sélection du 04/04/2016
60 000 € au Conseil d'administration du 13/06/2022 (Afar-GMV)
60 000 € au Conseil d'administration du 13/06/2022 (Association Leeket-Bi)
10 000 € au Conseil d'administration du 13/06/2022 (Ucad)

Porteurs du projet

Observatoire Homme-Milieux de Tessekéré
Association française d'appui à la réalisation de la Grande Muraille Verte (Afar-GMV)
Association Leeket-Bi
Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad)

« Entre aide aux habitants d’une zone vulnérable et suivi scientifique, les travaux de l’OHMI peuvent permettre l’analyse et la compréhension des mutations d’un milieu semi-aride. L’avancée est majeure et dépasse le seul intérêt des populations sahéliennes. »
Thierry Vandevelde
Parrain

Le président sénégalais Abdoulaye Wade a qualifié la Grande Muraille Verte de « projet fou » tant l’ambition dépasse ce qui a pu être imaginé jusqu’ici. Ce projet de développement durable doit permettre de revitaliser le Sahel africain. Région parmi les plus vulnérables au monde, cette zone aride concentre bon nombre de difficultés climatiques. Pour tenter de redonner toutes ses chances à ce territoire transfrontalier, une initiative baptisée “Grande Muraille Verte pour le Sahara et le Sahel (GMV)” a été adoptée en 2007. Il vise, d’ici 2030, à restaurer 250 millions d’hectares de terres dégradées, principalement pour une utilisation agricole et à créer 10 millions d’emplois. Il devrait permettre, par ailleurs, de séquestrer 250 millions de tonnes de carbone.

7 675 km de plantations

Techniquement, cette Grande muraille est conçue comme une bande d’espèces végétales adaptatives face à la sécheresse. L’objectif de ce programme de plantations est de créer une zone arborée écologiquement et économiquement viable pour les riverains. Pour ces populations rurales, en partie nomades, rénover un milieu dégradé par le surpâturage, les feux de brousse et des déficits hydriques réguliers, est un impératif. A maturité, les ziziphus, balanites et acacias permettront de développer l’économie locale grâce, notamment, à la récolte de la gomme arabique.

La Grande muraille verte dans la presse

Planet, mars 2012

Sénégal : la grande muraille (verte)

NewAfrican, juin 2016

Grande Muraille verte : rempart contre la désertification

Le Figaro, mai 2016

Du Sénégal à Djibouti, une  Grande Muraille verte contre la désertification

La GMV implique les 11 pays frontaliers de la zone saharo-sahélienne, du Sénégal à Djibouti, couvrant une distance de 7675 km sur une largeur moyenne de 15 km. La partie sénégalaise du projet s’étend sur 535 km et couvre une superficie d’environ 80 000 hectares. Le pays est précurseur sur le sujet et observe les premiers résultats : aux abords des villages, des “jardins polyvalents” commencent à produire fruits et légumes.

Un volet de recherche scientifique sur la restauration écologique et la régénération forestière

L’initiative est suivie par des chercheurs de l’Observatoire Hommes-Milieux International (OHMI). Basé à Téssékéré, au Sénégal, ce laboratoire interdisciplinaire a vu le jour en 2009 à l’initiative de l’Institut Ecologie et Environnement du CNRS et de l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) de Dakar. Il accueille botanistes, spécialistes en écologie végétale, médecins, anthropologues ou encore géographes. Tous étudient cet environnement en reconstruction via de quatre domaines de recherche : ressources en eaux et en sols, biodiversité, systèmes sociaux et santé. Les effets du reboisement sont ainsi mesurés à toutes les échelles : micro-biologique, écosystémique, sociologique.

Les travaux de l’OHMI, soutenus par la fondation Veolia, visent à comprendre, modéliser et faire connaître les dynamiques et relations entre les hommes et les environnements sahéliens d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Il s’agit concrètement d’analyser les impacts écologiques et sociaux des plantations allant des effets induits sur le climat, la biosphère, en passant par la biodiversité et sa dynamique, de l’échelle microbiologique, aux animaux et végétaux mais également l’impact sur les conditions de vie des populations.

Deux projets concernant le développement d’une agriculture vivrière

One Summit Planet 2022
Accélérateur de la Grande muraille verte

En 2022, le One Planet Summit est l’occasion de relancer le programme avec l'ouverture d'une plateforme pour accélérer la mise en œuvre du projet de Grande Muraille Verte.

Deux programmes de développement agricole voient le jour avec le soutien de la fondation Veolia. Le projet dit des « trois frontières », porté par l’Association française d'appui à la réalisation de la Grande Muraille Verte (AFAR-GMV), vise à améliorer l’autosuffisance alimentaire sur un large territoire de la vallée du fleuve Sénégal et implique le Mali, la Mauritanie et le Sénégal. Des actions porteront sur le reboisement, en particulier avec des arbres préservant et enrichissant les sols et qui produisent des richesses, et le développement agricole (cultures de céréales, riziculture, maraîchage, petit élevage et l’amélioration de l’accès à l’eau et à l’énergie). Le soutien de la fondation Veolia est à la fois financier et de compétence, via une expertise mise à disposition dans le domaine de l'accès à l'eau.

Le deuxième projet porte sur la création d’un forage pour l’irrigation maraîchère pour un centre de développement communautaire de Bala au Sénégal. Il est porté par l’association Leeket BI à Bala, dans l’Ouest du Sénégal, à 50 km à l’Est de Tambacounda,  en périphérie Sud de la Grande Muraille Verte. L'établissement, qui regroupe un centre de soins et une Maison de la mère et de l'enfant, connaît des difficultés de ressources en eau. Le projet consiste à réaliser un forage, prolongé par un mini château d'eau, pour permettre un arrosage au goutte-à-goutte du terrain où près de 300 arbres fruitiers ont été plantés.

Un suivi scientifique par l'université de Dakar

Parallèlement aux travaux menés pour améliorer le sort des populations, l'Ucad de Dakar mène, en lien avec une université française (Poitiers) et le CNRS (Agathe Euzen, Gilles Boetsch), une étude sur les impacts de la politique de l’eau sénégalaise sur les populations, les ressources et le  développement du territoire de la Grande Muraille Verte. Centrés sur Téssékéré, les travaux conduiront à mettre en questions la pertinence des choix opérés ces dernières années. 

La complexité du contexte actuel conduit à s’interroger sur le maintien de la disponibilité des ressources en eau face à une demande croissante liée à la multiplication des usages (élevage, agriculture, domestique), la gestion des pâturages et du maintien du couvert végétal avec le développement du cheptel, l’occupation et l’exploitation des terres… Un équilibre fragile doit être respecté entre la volonté de faire de la région une zone d’occupation permanente  et la capacité du milieu à répondre à ses besoins de façon durable, surtout en termes de ressources en eau. La fondation Veolia soutient également cette réflexion globale.