« Aujourd'hui, le réseau dont la Dinepa a la charge, est reconnu comme le plus performant et sophistiqué d'Haïti. »
Guy de Sainte Claire est parti en Haïti en tant que volontaire en mars 2010. Deux mois après le séisme qui a ravagé l'île, son diagnostic a posé les bases du projet de rénovation du réseau de Petit-Goâve. Le schéma directeur élaboré à cette occasion est devenu la colonne vertébrale de ce programme de deux ans. Trois mois après l'inauguration de l'infrastructure, bilan avec un volontaire et parrain presque surpris d'un tel succès.
Je me suis intéressé aux actions de la Fondation Veolia Environnement dans la foulée du tsunami qui a touché le Sud-est asiatique fin 2004.
Comme l'ensemble des collaborateurs du Groupe, j'ai été sensibilisé aux nombreuses interventions menées sur place et, visitant le site web de la Fondation, j'ai postulé comme volontaire. Un an plus tard, je suivais la formation Veoliaforce puis, un jour de mars 2010, j'ai reçu un appel de Franck Haaser, directeur de l'urgence à la Fondation. Il me proposait de partir en Haïti dans la semaine...
Avec beaucoup de fierté ! Honnêtement, je ne pensais pas qu'on arriverait à un tel résultat aussi vite. Le réseau a été rénové selon des exigences européennes, soit des bases pérennes. Les matériaux utilisés sont particulièrement solides et on a pris en compte le risque de nouveau séisme. Les tuyaux sont ainsi équipés de joints express qui évitent le déboîtement en cas de tremblement de terre.
Oui, et autant nous avons eu une bonne surprise avec l'excellente qualité de l'eau obtenue à Petit-Goâve, autant l'exploitation du réseau nous a réservé quelques déconvenues. Nous avons modifié l'hydraulique du réservoir et construit un bâtiment d'exploitation supplémentaire. Nous avons aussi renouvelé la conduite qui mène aux trois nouvelles chambres à vannes mais au-delà, l'eau transite jusqu'aux usagers via l'ancien réseau de distribution. Et à ce niveau, c'est l'anarchie... Des Haïtiens se raccordent illégalement pour laver linge et vaisselle, entraînant l'aspiration, par le réseau, des eaux polluées de lavage. C'est le pire schéma !
Par de la sensibilisation et de la pédagogie. On explique, on répète et une forme d'autorégulation prend petit à petit forme. L'habitant de la rue voisine comprend que, s'il n'a plus d'eau potable alors qu'il en disposait hier, c'est sans doute qu'il y a un problème en amont du réseau. De ce point de vue, le personnel de la Direction nationale de l'eau potable et de l'assainissement (Dinepa) a été un puissant relais. L'équipe locale est très concernée car porteuse du projet depuis les origines.
La Dinepa dispose de nouveaux locaux et une des annexes a été aménagée en magasin : des pièces, perforateurs, et tout le matériel nécessaire pour entretenir le réseau y ont été entreposés. Les équipes ont été formées à la détection de fuite et ont à coeur de maintenir le niveau de service actuel. Le réseau dont elles ont la charge est reconnu comme le plus performant et sophistiqué d'Haïti. A Petit-Goâve, les employés de la Dinepa sont les seuls de l'île à disposer d'une régulation de chlore asservie au débit et à savoir régler le niveau de chlore dans l'eau. Autant dire que la fierté est là !
Quand on est arrivé il y a deux ans, on s'est dit que les équipements laissés par les Américains il y a plusieurs décennies avaient bien tenu le coup. Et en partant en novembre, on s'est dit avec Sébastien Renou, mon correspondant de la Croix-Rouge française, que dans 50 ou 80 ans, d'autres pourraient se dire en examinant notre travail : « Les Français, ils avaient vraiment bien bossé ! » Bref, on laisse une Rolls-Royce dont les Haïtiens ont la clef et qu'ils savent utiliser.