Miracle des eaux à Chantilly

Propriété de l'Institut de France, le domaine de Chantilly (Oise) s'est lancé dans de nombreux travaux d'entretien et de rénovation pour consolider les constructions et améliorer l'attractivité du site. L'un des chantiers concerne le système hydraulique des jeux d'eau du parterre nord du jardin signé Le Nôtre.

Environnement et Biodiversité

Lieu
Chantilly, France

Dotation
200 000 € au Conseil d’administration du 31/05/2005

Porteur du projet

Domaine du château de Chantilly

Un peu d'histoire...

En 1830, Henri d'Orléans, duc d'Aumale (1822-1897), fils du roi Louis-Philippe, hérita Chantilly de son grand-oncle, le prince de Condé, à l'âge de huit ans. Il fit reconstruire le grand château, rasé après la Révolution, pour y installer ses collections de livres, peintures, dessins, objets d'art, etc. Décédé sans héritier, le duc d'Aumale en fit don à l'Institut de France en 1886, lui interdisant toute cession, même partielle.

Le domaine de Chantilly représente au total un patrimoine naturel, architectural et culturel considérable : le château renferme le très riche musée Condé ainsi qu'une bibliothèque comptant des milliers d'ouvrages précieux. Sans compter les grandes écuries du XVIIIe siècle, l'hippodrome et 7 800 hectares de forêts et de parc, dont un jardin dessiné par Le Nôtre.
 

Des jeux d'eau pour le parterre nord du jardin

Reste que les revenus du domaine (220 000 visiteurs du château par an, 100 000 promeneurs dans le parc, location de l'hippodrome à France Galop, exploitation de 6 000 ha de forêts par l'ONF) ne suffisent pas à équilibrer le budget, et encore moins à mener les travaux indispensables à l'entretien et à la rénovation des lieux.

Le domaine de Chantilly peut toutefois s'appuyer sur une fondation créée spécialement par le prince Karim Agha Khan IV et dotée de près de 70 millions d'euros sur dix ans. Ses objectifs ? Réaliser les investissements nécessaires pour renforcer les fondations du château et remettre en état le réseau hydraulique, et lancer une politique commerciale adéquate (amélioration de la sécurité du musée, de l'accueil du public et de l'attractivité du site avec un objectif de 600 000 visiteurs par an).

C'est dans le cadre de ces travaux qu'est né un autre projet : la restauration du système hydraulique des jeux d'eau du parterre nord de Le Nôtre. La grande originalité de ce jardin réside dans le fonctionnement en gravitaire des jets d'eau. Les dix bassins ou miroirs, la gerbe, les fontaines étaient en effet alimentés sans aucune machinerie par un aqueduc enterré, venant des environs de Senlis, qui permet l'alimentation des jets des miroirs, jaillissant à plus de 5 mètres de hauteur.

Ce projet, réalisé entre 2005 et 2009, a été approuvée par le ministère de la Culture et la Direction des monuments historiques. L'objectif était de restituer, au plus proche de l'origine, le circuit d'alimentation des différents bassins. Après la restauration de l'aqueduc sur sa longueur, une station de pompage d'eau de surface a été installée à côté de l'hexagone pour alimenter l'aqueduc à l'entrée du domaine. Celui-ci alimente dorénavant en direct les bassins des fleuves et par l'intermédiaire du bassin du roi, sorte de petit château d'eau, les jets des miroirs et de la gerbe. Après plus de trois siècles, il a donc fallu tenter d'imiter l'ingéniosité de Monsieur Le Nôtre... Mission ambitieuse malgré les techniques modernes, la facilité de recherche historique, l'observation sur le terrain et les compétences des intervenants !

L'État, les collectivités publiques et le domaine de Chantilly ont pris en charge environ un tiers du montant du chantier, avec le soutien de la Fondation Agha Khan. De son côté, la fondation Veolia a contribué à cette importante restauration du patrimoine national en versant une subvention de 200 000 euros. Ces différents apports ont donc permis de redonner la vie aux jeux d'eau et aux parterres Le Nôtre, inaugurés le 20 septembre 2009, à l'occasion des journées du Patrimoine.