Mobilisation internationale pour sauver un écosystème d'exception

Réchauffement climatique, activités humaines : certains écosystèmes mondiaux ont vu détruire leur végétation et leur faune dans des proportions extrêmement inquiétantes au cours des dernières décennies. Aux confins de l'Arizona et du Mexique, l'archipel Madrean est de ceux-là. Aux Etats-Unis, au Mexique, en France, la communauté scientifique internationale se mobilise.

Environnement et Biodiversité

Lieu
Archipel Madrean, Sud-ouest des Etats-Unis/Nord-ouest du Mexique, États-Unis

Parrain
Thierry Vandevelde

Dotation
450 000 dollars répartis sur trois ans au Conseil d’administration du 28/11/2008

Porteur du projet

Sky Island Alliance (SIA)

Situé à la frontière entre l'Arizona, le Nouveau Mexique et le Mexique, l'archipel Madrean est ce que l'on appelle un "Hotspot". Autrement dit, l'une des 34 zones définies à l'heure actuelle sur toute la planète comme devant bénéficier en priorité d'actions de préservation de leurs écosystèmes *. Ce territoire (un archipel terrestre), s'étend sur près de 7,8 millions d'hectares. Ses îlots montagneux entourés de vastes prairies désertiques se trouvent à la croisée de plusieurs systèmes géographiques : deux zones climatiques - tempérée et subtropicale - deux chaînes de montagnes - les Montagnes Rocheuses et la Sierra Madre occidentale - et enfin deux déserts - le Sonoran et le Chihuahuan.

Cette localisation très particulière a généré l'émergence d'une diversité géologique et biologique tout à fait remarquable. Mais la richesse naturelle nichée dans ses rivières, ses vallées et ses petites montagnes a été détruite en très grande partie par les activités humaines.

 

Multiples partenariats au chevet de l'archipel

Des agences gouvernementales (nord-américaine et mexicaine), des ONG, des universités, des fondations (dont la fondation Veolia), des entreprises et des collectivités territoriales se sont donc associées pour enrayer ce phénomène de destruction d'un écosystème à la fois exceptionnel et très fragilisé. Ils s'appuient sur l'expertise d'une association dédiée à la protection et la restauration de l'archipel Madrean, Sky Island Alliance (SIA), qui porte le projet MABA (Madrean Archipelago Biodiversity Assessment).

Ce projet a pour objectif général d'étudier puis de participer à la préservation de cette biodiversité. Il développe pour cela plusieurs types d'actions aux résultats significatifs. L'étude précise de la biodiversité, par la réalisation d'un inventaire et de recherches documentaires, a permis d'ajouter pas moins de 105 000 animaux, insectes et végétaux à la base de données régionale existante -accessible via le site du programme Maba, qui répertorie les 4000 espèces observées depuis les toutes premières expéditions dans la région des « îles de ciel » dans années 1930.

Les autres types d'action du programme concernent l'évaluation des impacts du changement climatique et des activités humaines sur cette biodiversité, l'élaboration d'une stratégie de sauvegarde, la mise en œuvre de stratégies d'urgence pour la réhabilitation d'habitats écologiques (en mettant la priorité sur les ressources aquatiques) et l'implication des autorités publiques et de la population. Divers dispositifs, comme un réseau de caméras, permettent d'obtenir une "image" globale très fine de l'état de l'archipel, de sa faune et de sa flore.

La phase d'étude s'appuie également sur des expéditions scientifiques, grâce à la mobilisation des équipes du programme. En mars 2010, une expédition de près de 50 scientifiques dans deux chaînes de montagnes de l'Arizona a par exemple permis de suivre les déplacements des mammifères en présence, en vue de mieux appréhender les dynamiques de population entre les différents habitats, et de classer cette région en zone naturelle protégée. Cet ambitieux programme, qui se déroule sur trois ans, a donc pour but de parvenir à sensibiliser plus largement les autorités publiques et les quelque 600 000 habitants qui résident sur la zone.

* Un hotspot est une zone contenant au moins 0,5 % des espèces végétales de la planète, mais ayant perdu au minimum 70 % de sa surface végétale originale.  Les 34 Hotspots couvraient à l'origine 15,7 % de la surface planétaire et 86 % de leur végétation aurait été détruite.