Protéger l'exceptionnel patrimoine naturel des îles Eparses

L'immense désert maritime et terrestre des Terres australes et antarctiques françaises (Taaf) couvre une surface quatre fois plus grande que la métropole. Dans la zone tropicale, les îles Eparses sont considérées comme des « sanctuaires océaniques de la nature primitive ». Très peu habitées, elles subissent toutefois des menaces environnementales qui nécessitent d'ambitieux programmes de protection de leur biodiversité.

Environnement et Biodiversité

Lieu
Les îles Eparses, Terres australes françaises

Dotation
250 000 € au Conseil d’administration du 15/03/2010

Porteur du projet

Taaf

Territoire d'outre-mer, les Taaf incluent notamment les îles Kerguelen, la Terre-Adélie et les six îles Eparses localisées dans l'Océan Indien, pour la plupart entre la côte du Mozambique et celle de Madagascar. Peu marquées au cours de l'histoire par la présence humaine, hormis quelques explorateurs, pêcheurs de baleines, militaires ou scientifiques, les îles Eparses constituent un conservatoire unique d'espèces animales et végétales : l'un des premiers sites de ponte des tortues marines dans le monde, elles abritent des populations importantes et diversifiées d'oiseaux et sont serties dans des récifs coralliens vierges d'impacts anthropiques.

L'administration des Taaf veille de très près au respect de ces « sanctuaires » et agit efficacement pour les protéger. Dans cette optique, les Taaf et la fondation Veolia ont défini les modalités d'un partenariat durable et d'un programme d'actions pour évaluer plus précisément et préserver la biodiversité des îles Eparses. Ce partenariat se déploie autour de deux axes stratégiques : la protection des récifs coralliens des îles et la préservation de la biodiversité terrestre et marine de l'île Juan de Nova, l'une des plus marquées par la présence humaine.

Vingt tonnes de goudrons à évacuer et retraiter

Au fil des ans, les activités humaines (exploitation du guano, différentes missions...) ont provoqué l'accumulation de déchets divers sur les îles Eparses et, en particulier, sur Juan de Nova. En 2009, les Taaf ont mené une rotation exceptionnelle de leur bateau, le Marion Dufresne, afin de nettoyer l'ensemble des îles. Cette intervention s'est soldée par la collecte, l'évacuation et le retraitement de déchets, surtout métalliques. Plus de 650 tonnes ont ainsi été évacuées !

Ces opérations ont révélé sur Juan de Nova la présence de déchets exigeant un traitement spécifique : principalement une série de fûts hydrocarbonés, vestiges d'une piste d'atterrissage construite dans les années 30. Le contenu risquait de s'épandre sur la plage voisine et contaminer ce site de ponte des tortues et de nidification des sternes.

En mars 2010, la fondation Veolia a envoyé deux experts en gestion des déchets sur Juan de Nova pour une mission de diagnostic. Leur objectif : identifier ces déchets, évaluer la méthodologie et la faisabilité de leur reconditionnement, de leur évacuation et retraitement.

Les analyses ont montré qu'il s'agissait de vingt tonnes de déchets classés industriels dangereux (DID). Le plan d'action prévoit l'intervention de cinq volontaires Veoliaforce avant l'automne 2010, pendant une semaine, pour isoler les fûts dans des contenants hermétiques, trier les sables, décontaminer et analyser les terrains dépollués.
Les déchets seront ensuite évacués avec l'aide des Taaf et de l'Armée française : compte tenu de l'isolement de l'île, cette opération nécessite une logistique complexe. Puis ils seront éliminés dans une filière d'incinération Veolia Propreté en métropole.

Des récifs coralliens méconnus

Après cette action prioritaire, les Taaf et la fondation Veolia poursuivront leurs projets communs en faveur de la biodiversité en s'engageant dans l'observation scientifique des récifs coralliens avoisinant les îles Eparses, qui hébergent une faune et une flore très abondantes. Ces récifs ont cependant souffert en 1998 du blanchissement massif des coraux, dû à un phénomène d'El Niño particulièrement fort. Il semblerait toutefois, selon les études scientifiques, que les récifs coralliens des îles Eparses aient commencé un très lent processus de rétablissement ; lenteur qui a des répercussions sur les espèces dont le développement et la survie dépendent de l'état de santé du corail.

La fondation Veolia soutient les Taaf pour développer un programme de recherche scientifique sur les récifs coralliens dans les îles Eparses. Ces études, conduites par l'IRD (Institut de Recherche pour le Développement), permettront de disposer d'un état des lieux précis des différents lagonset de développer, à terme, les outils de protection les plus adaptés.