« Seule une moitié des 3 000 tonnes de déchets générés chaque jour à Yaoundé est traitée. »

Séverine Arnaud, volontaire Veoliaforce, en mission au Cameroun
Décharge à Yaoundé, Cameroun, juillet 2025

Séverine Arnaud et Richard Nana-Dwanang, volontaires Veoliaforce, sont partis au Cameroun du 1er au 9 juillet 2025. Leur mission portait sur la visite de la décharge de Yaoundé et la propreté des rues et s’est finalement étendue à une large participation aux Journées mondiales de l’habitat sur la gestion des déchets solides qui se déroulaient à Bafoussam.

Les deux experts ont été force de proposition pour améliorer la gestion des déchets de la ville, répondant ainsi à la sollicitation de Célestine Ketcha Courtès, Ministre de l'Habitat et du Développement urbain du Cameroun.

Vous êtes partie à Bafoussam, au Cameroun, à l’occasion des Journées mondiales de l’habitat. Comment cette mission a-t-elle pris forme ?

Séverine Arnaud : Au gré d’échanges préalables, et finalement beaucoup sur le terrain directement ! Célestine Ketcha Courtes, ministre camerounaise de l’Habitat et du Développement urbain, avait sollicité la fondation Veolia pour un audit de la gestion des déchets solides à Yaoundé, la capitale. J’ai été missionnée pour répondre à cette demande et il se trouve que mon déplacement sur site coïncidait avec les Journées mondiales de l’habitat, un événement hébergé par le Cameroun. La mission a pris un autre visage !

C’est à dire ?

SA : J’ai finalement pleinement participé aux Journées mondiales, ce qui n’était pas prévu initialement. De la visite d’une décharge pour accompagner des projets d’évolution, j’en suis venue à participer à un événement international sur la gestion de la propreté en milieu urbain. Tout s’est très vite enchaîné avec un même continuum : mieux gérer ses déchets, c’est éviter des pollutions, la diffusion de pathogènes, etc. Pendant ces quelques jours d’événements, j’ai compilé dans un livre blanc un certain nombre de recommandations, de bonnes pratiques à mettre en place parce qu’elles ont déjà fait leur preuve. De quoi sensibiliser les élus et représentants de pouvoirs publics à l’intérêt d’une meilleure gestion des déchets.

Décharge à Yaoundé, Cameroun, juillet 2025
Mission Veoliaforce  Journées mondiales de l’habitat, en présence de Séverine Arnaud, Yaoundé, Cameroun, juillet 2025

La mission portait sur la visite de la décharge de Yaoundé et s’est finalement étendue à une large participation aux Journées mondiales de l’habitat sur la gestion des déchets solides.

Et la visite de la décharge de Yaoundé ?

SA : Elle a eu lieu au bout de quelques jours. L’enjeu était d’auditer les infrastructures actuelles avec l’idée qu’une deuxième décharge pourrait ouvrir prochainement. On estime que Yaoundé génère 3000 tonnes de déchets chaque jour, la moitié étant traitée actuellement. L’intérêt d’un deuxième site est de limiter le coût de la collecte, qui s’opèrererait ainsi sur de moins longues distances, générant également moins de CO2. L’autre enjeu a trait à la santé des populations : mieux gérer les déchets, c’est éviter la pollution des nappes phréatiques et plus globalement de la ressource en eau des Camerounais. La recommandation comporte également un volet social : comme souvent au milieu des déchets et des engins, des recycleurs informels essaient de trier ce qui a de la valeur, aux dépens de leur propre sécurité.

Que proposez-vous sur cet aspect ?

SA : Je m’inspire de ce qui a déjà été mis en place en Colombie pour leur recommander une façon différente de travailler, en leur laissant un endroit sécurisé avec un temps imparti pour qu'ils réalisent leur tri, avant le rechargement et la mise en décharge. Dans le même sens, j’ai proposé de les réunir en coopérative de façon à faire de ces "informels" des travailleurs, pour les faire passer de l'ombre à la lumière en quelque sorte, et montrer que ce métier crée de la valeur.

Vous êtes également ambassadrice de la fondation Veolia pour les métiers autour de la gestion des déchets. En quoi cela consiste-t-il ?

SA : L’idée, pour moi, est d’être un relais de la Fondation pour renforcer son action sur ces métiers que je connais bien. Dans un premier temps, j’ai à cœur de mieux faire connaître la Fondation et son programme de mécénat de compétences auprès des entités Veolia de la branche propreté. L’objectif est, à moyen terme, de pouvoir identifier, à chaque sollicitation de la Fondation par l’un de ses partenaires, le bon expert pour répondre aux besoins exprimés. Etre utile, cela reste un incontournable.

Décharge à Yaoundé, Cameroun, juillet 2025

Les sujets exploratoires Propreté à la fondation Veolia

Avec Médecins Sans Frontières France, Valérie Gauthier, volontaire Veoliaforce issue de Veolia RVD Ile-de-France, travaille sur la gestion des déchets médicaux et D3E (déchets d'équipements électriques et électroniques). Dans d’autres régions, et toujours avec des partenaires humanitaires, Romain Duthoit (déjà mobilisé en Mauritanie) et Séverine Arnaud étudient la fermeture d’une décharge sauvage pour ouvrir un site contrôlé. L’amélioration de la collecte et du traitement des déchets dans des camps de populations déplacées/réfugiées est également un sujet d’étude.