L'Essec se préoccupe des élèves issus de milieux modestes

« En complément d'un soutien financier de la Fondation, le Campus Veolia, qui travaille en partenariat avec l'Essec sur divers programmes, propose de mettre en place un mécénat de compétences "sur mesure", à même de parrainer les étudiants et de leur faire connaître les métiers et débouchés du Groupe. »

Christian Dapilly

Si l'objectif d'un ancien ministre semble être atteint - en 2010, on estime à 85,4 % les élèves de terminale ayant obtenu leur baccalauréat -, son corollaire, l'accès aux études supérieures pour le plus grand nombre, n'est pas pour autant résolu. La question de l'origine sociale de "ceux qui réussissent" n'évolue guère en effet depuis plusieurs années. Une étude menée par Rolande Figuière-Lamourame, professeure des universités, pour le ministère de l'Éducation nationale, relève que si les enfants d'ouvriers représentent un tiers des 17-19 ans, ils ne sont plus qu'un septième des effectifs universitaires. Devant cette situation, plusieurs grandes écoles réagissent.

Un cursus fondé sur le tutorat

En collaboration avec la Délégation interministérielle à la Ville (DIV) et l'Inspection d'Académie, l'Essec a mis en place le projet "Une grande école, pourquoi pas moi ?" depuis l'année scolaire 2002-2003. Destiné à des lycéens ayant un réel potentiel intellectuel et prêts à faire des efforts, mais dont les origines modestes limitent les chances d'accéder à des études supérieures, il est fondé sur une sélection d'élèves volontaires effectuée en classe de seconde. À raison d'une quarantaine d'élèves par an (la première promotion de 2005 comptait 42 étudiants), le programme se poursuit sur trois ans, de la seconde à la terminale pour terminer à l'approche du bac. Fondé sur un engagement fort des étudiants, de leurs familles et de l'école, ce nouveau programme vise à développer - outre de solides connaissances dans les matières "classiques" - des compétences souvent inconnues : savoir identifier ses capacités, se sentir légitime, développer son aisance verbale, son sens des responsabilités ou sa faculté d'adaptation... L'Essec appuie ce nouveau cursus sur un système de tutorat : avec un professeur référent, mais aussi avec un binôme d'étudiants volontaires de l'école.
En 2005, la fondation Veolia a décidé d'encourager ce projet en versant 90 000 euros sur trois ans.

12 000 heures d'accompagnement en 2006

En mai 2006, la deuxième promotion du programme « Une grande école, pourquoi pas moi ? » quittait le nouveau dispositif. Les 23 lycéens (venus d'Argenteuil, de Cergy, de Sartrouville, de Pontoise, de Jouy-le-Moutier, de Garges les Gonesses et de Saint Ouen l'Aumone) s'étaient rendus pendant trois ans tous les mercredis après-midi à l'Essec où ils suivaient des séances de tutorat hebdomadaire avec les étudiants et participaient à des sorties culturelles, des ateliers d'expression orale et écrite et des visites d'entreprises. En sortant du programme, 18 lycéens avaient pour objectif d'entrer dans une grande école ; 2 souhaitaient entrer à l'université ; 2 se tournaient vers une école d'art et le dernier voulait partir à l'étranger.

Au cours de l'année 2006, 120 lycéens au total (répartis dans plusieurs promotions), ont ainsi pu bénéficier du dispositif mis en place. Plus de 100 élèves de l'Essec se sont proposés pour leur offrir des heures d'accompagnement, mais seuls 45 volontaires étaient nécessaires... C'est dire l'intérêt suscité par ce projet ! Ainsi, près de 12 000 heures d'accompagnement ont été dispensées par les étudiants volontaires et par huit intervenants extérieurs (sociologue, comédiens et spécialistes de l'aide individuelle à l'orientation).

Chaque année, le programme « Une grande école, pourquoi pas moi ? » se poursuit et s'enrichit de nouvelles offres pour répondre aux besoins des élèves : en 2009, l'équipe a notamment organisé un séjour linguistique en Angleterre et en Irlande pour favoriser la pratique de l'anglais. Le Campus Veolia soutient également le programme « Une grande école, pourquoi pas moi ? » en accueillant durant l'été les élèves et leurs tuteurs, ainsi que des professeurs de classes préparatoires pour des temps de rencontres et d'échanges.