Un nouvel axe de réinsertion des plus démunis via la collecte de « boîtes à donner »

Après avoir lancé un réseau de conciergeries de quartier à Paris, le Comptoir des services (APCDS), plus connu sous le nom de Lulu dans ma rue, s’engage dans un projet tourné vers les plus démunis. En proposant l’installation de boîtes à dons dans les immeubles, elle veut permettre à des personnes de la rue de renouer avec un travail rémunéré en en collectant le contenu pour l’acheminer jusqu’à des associations relais

Emploi & lien social

Lieu :
France

Parrain :
Pascal Peslerbe

Dotation :
150 000 € au Conseil d’administration du 13/02/2017

Porteur du projet

Comptoir des services - APCDS

Charles-Edouard Vincent n’est pas un novice de la réinsertion. Fondateur d’Emmaüs-Défi, entreprise d'insertion qui emploie aujourd'hui 200 salariés dans le recyclage et la revente d'objets, il a également imaginé le concept de conciergerie solidaire Lulu dans ma rue en 2014. Avec le soutien de la fondation Veolia, il a étudié la faisabilité de ce kiosque implanté au cœur de Paris pour mettre en relation des habitants à la recherche de compétences et des “Lulus”, autoentrepreneurs proposant leurs services. Le projet s’est concrétisé et un premier kiosque a ouvert dans le Marais, en avril 2015, avant un deuxième à Villiers, dans le 17e arrondissement de Paris.
 
Le programme a permis d’installer un cercle vertueux en liant services à la personne et travail pour des autoentrepreneurs soucieux de développer une activité économique. La même ambition irrigue le projet des « Boîtes à donner ».
 
Remettre le pied à l’étrier à des personnes de la rue
Pour bâtir le projet des « Boîtes à donner », Charles-Edouard Vincent s’appuie sur un outil initié en 2008 au sein d’Emmaüs Défi et en partenariat avec la Mairie de Paris : le « Dispositif Premières Heures » (DPH). Il vise à proposer des missions, via un contrat de travail, à des personnes de la rue (« salariés DPH »). Ce retour à une activité s’effectue de façon progressive : les salariés DPH commencent à travailler 4h par semaine pour arriver, en l’espace d’un an, à 26h par semaine. L’idée est de construire un chemin de retour à une activité professionnelle (rémunérée) qui soit individualisé et adapté au profil de chacun. La personne suivie prépare ainsi son entrée en chantier d’insertion (contrat stable de 26h par semaine), au sein duquel, parallèlement au travail hebdomadaire, les problématiques liées au logement, à la santé ou à la situation administrative seront traitées par les équipes d’accompagnement.
 
Installer des boîtes à donner et organiser leur collecte
Le DPH permet un retour à l’activité, encore faut-il créer cette activité… C’est tout le sens des boîtes à donner que le Comptoir des services entend installer dans les parties communes des immeubles. L’idée est de créer le réceptacle de tous les dons éventuels des habitants : livres, vaisselle, jouets, petits objets, vêtements, petit électronique… Avec un message très structurant : il doit s’agir de dons réutilisables et en aucun cas d’un débarras.

Une collecte est ensuite organisée de façon régulière afin de vider les boîtes et d’en apporter le contenu à des associations relais qui assurent le tri et la redistribution. Pour procéder à cette collecte, le Comptoir des services s’appuie sur des salariés DPH, rémunérés pour leur travail, qui réalisent leurs premiers pas vers une réinsertion professionnelle.

Retrouvez l'article paru le 31 octobre sur Carenews : Lulu dans ma rue et bientôt dans l'immeuble.
 
Concrètement, les clients de Lulu dans ma rue pourraient être les premiers concernés. Une dizaine d’immeubles du 4e arrondissement accueilleront les premières boîtes, à charge pour les résidents de communiquer sur l’initiative auprès de leurs voisins, d’intégrer le concierge de l’immeuble dans le projet, ou encore de devenir des acteurs du projet en portant le projet auprès du syndic. Dans un premier temps, les salariés seront juridiquement portés par Emmaüs Défi et le matériel (camion, casiers pour la récupération …) fourni par l’association pendant l’année d’expérimentation projetée.
 
Outre le soutien de la Fondation, le projet bénéficie de l’accompagnement de Veolia Recyclage et Valorisation des déchets (RVD) pour concevoir les boîtes et structurer, sur le plan logistique, la collecte.
 
L’initiative doit permettre de sensibiliser à l’action et à l’engagement que chacun peut avoir en contribuant, directement, à la création d’une activité professionnelle pour les personnes les plus exclues. Les boîtes à donner constituent la clé de voûte d’une consommation responsable.