Un toit et des emplois pour les ex-bélligérantes

Dans l'est du Burundi, une femme de la région s'attelle à la tâche immense de la reconstruction d'un pays exsangue au sortir d'un conflit de plus de dix ans. Avec deux cibles privilégiées : le recueil des orphelins et la réintégration des anciennes femmes soldates.

Social et emploi

Lieu
Ruyigi, dans l'est du pays, Burundi

Parrain
Dominique Boizeau

Dotation
90 000 € répartis sur trois ans au Comité du 23/05/2006

  Porteur du projet La Maison des anges

«  Aujourd'hui, au-delà des ethnies et des origines, il est réconfortant de savoir qu'une femme africaine a décidé de prendre en charge l'avenir des rescapées du conflit, pourtant anciennes combattantes, et de vérifier que, grâce à elle, les ennemies d'hier, bourreaux ou victimes, ont enfin réussi à vivre ensemble. C'est par de telles actions que l'Afrique pourra enfin sortir de cette misère humaine qui la submerge et la détruit.  »

Dominique Boizeau

En octobre 1993, le premier chef d'État burundais d'origine hutu est assassiné par des officiers tutsis. Pourtant, il avait été élu de façon démocratique.
Prélude à l'horreur qui ne va pas tarder à frapper son voisin, le Rwanda, le Burundi plonge alors dans une guerre longue de dix ans. Le pouvoir en place s'affronte jusqu'en 2003 avec des organisations rebelles. Des dizaines de milliers d'habitants sont torturés, massacrés, violés.
À la fin du conflit, des milliers d'enfants sont orphelins et errent à la recherche d'un toit et d'un peu de nourriture ; parallèlement, des jeunes femmes enrôlées (souvent de force) dans l'un ou l'autre groupe armé se retrouvent sans aucune ressource pour survivre et, qui plus est, rejetées par toute la population en raison de leur ancien "métier".

Les conditions d'un redémarrage économique

À Ruyigi, dans l'est du pays, une femme essaie de lutter contre cette situation depuis le début des hostilités. Maggy Barankitse fonde en 1993 la Maison Shalom pour recueillir les jeunes orphelins, sans distinction ethnique. Et, depuis 2003 et la signature d'un protocole de paix à Pretoria, elle entreprend des projets de développement pour relancer le dynamisme de sa région et créer les conditions d'une réintégration socioprofessionnelle pour les ex-combattantes. C'est dans ce cadre qu'ont déjà été construits une ferme modèle, un petit hôtel-restaurant, un garage, un cinéma, des ateliers de couture et de multimédia – toutes structures génératrices d'emplois pour ces femmes qui ne rechignent pas à occuper des emplois traditionnellement réservés aux hommes. Ceci, grâce à l'appui de bailleurs et de partenaires (dont le ministère des Affaires étrangères français, le groupe Hachette-Filipacchi, Électriciens sans frontières et une ONG luxembourgeoise) convaincus de l'importance de la démarche de Maggy Barankitse.
La Maison Shalom a sollicité à son tour la fondation Veolia  (ainsi que la Fondation Elle) pour un certain nombre de nouveaux projets, parmi lesquels la formation de cent femmes à l'élevage agricole moderne, la construction d'une coopérative, des cours d'économie familiale, des sessions de sensibilisation au VIH, la construction de cinquante maisons d'habitation, l'amélioration de l'accès à l'eau.
Pour accompagner de façon durable et constructive cette démarche remarquable, les deux fondations ont donc décidé de s'engager dans un partenariat soutenu avec la Maison Shalom, en lui versant chacune 30 000 euros par an pendant trois ans.